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Un atelier d’horloger
Atelier de Christian Étienne, horloger-rhabilleur à Porrentruy

Sur les traces du premier chronographe automatique

Le 23 février 2014, Grégory Pons révélait sur son blog Business Montres l’existence d’un chronographe à remontage automatique dessiné par Lemania en 1947. Cet article fort intéressant a malheureusement disparu à la suite de la refonte de son site. Pour que la légende ne s’éteigne pas, j’ai retrouvé les images de cet objet rare afin de les partager.


Il s’agit d’un exemplaire jamais commercialisé qui est aujourd’hui la propriété du groupe Swatch. Ce prototype utilise le principe du remontage à butée. Basé sur le mythique calibre CH 27 C12, nous observons sa finition soignée : côtes de Genève, pièces mobiles anglées et roue intermédiaire de chronographe empierrée. Nulles mentions « Automatic » ou « Swiss made » sur le cadran.

Nous trouvons aussi de sympathiques planches techniques réalisées à la main qui sont datées d’entre mai 1947 et août 1949.

Les chronographes commerciaux

Les premiers chronographes automatiques à avoir été distribués auprès du public datent eux de 1969. Ainsi, Zenith présente El Primero le 10 janvier1, le groupe Chronomatic mené par Breitling et Heuer fait de même le 3 mars2 alors que les japonais de Seiko commercialisent leur 6139 durant l’été 693. Quand à elle, la Lemania renouera avec l’automaticité dans les chronographes en 1972 avec le calibre 1340, peu avant le best-seller 7750 signé Valjoux en 1974.

Ci-dessous, les caractéristiques techniques principales de ces mouvements :

  • Le calibre Zenith 3019 El Primero est intégré.
  • Le calibre Chronomatic 12 est modulaire.
  • Le calibre Seiko 6139 dispose d’un embrayage vertical.

Épilogue

Un chronographe automatique c’est bien pratique...

La série Chronomatic connaîtra des déboires de fonctionnement, certains diront qu’il est apparu trop tôt, peut-être que la qualité Dubois Dépraz, firme qui est à l’origine du Landeron 48, y est aussi pour quelque chose. Alors que les autres fabricants abandonnent successivement l’échappement Clinergic 214, Zenith s’efforcera à l’aide d’huiles spécifiques de conserver et fiabiliser la fréquence des 36 000 alternances par heure atteinte par son chronographe qui est devenu le principal, voire l’unique, produit présenté dans ses collections. Pragmatisme nippon oblige, Seiko aura prouvé sa capacité à créer de brillants mouvements avec les chronomètres 4520 et 4580, la compagnie démontre dans cette course à l’automatisme son savoir-faire avant de recentrer son activité sur des mécanismes meilleurs marché, certes fiables, mais peu raffinés.

1969, une année charnière dans le développement technique en horlogerie qui jettera peu à peu dans l’oubli ces beaux chronographes d’antan qui, tout en étant largement diffusés, offraient aux yeux des connaisseurs, une fois leur boîtier dévissé, les charmes d’une architecture perfectionnée qui est aujourd’hui dissimulée par cette odieuse masse oscillante.

C’est avec d’autres que la décennie suivante verra s’éteindre le vaillant Valjoux 23, suivi de l’excellent Zenith 146 ; reste encore aux mains de Breguet l’ébauche du Lemania 2320 qui à fait la fierté passée de la marque biennoise Omega et à Montblanc la fabrique Minerva, mais nous entrons là dans le monde d’une haute horlogerie devenue à présent bien peu accessible au grand public.

Bibliographie :

Notes et références :

  1. P.B., « Une grande première mondiale », L’Impartial, n°27927,‎ 10 janvier 1969, p. 4 (Lire en ligne). 

  2. « Précision et technique : une montre nouvelle réalisée par trois grandes maisons horlogères », L’Impartial, n°27971,‎ 4 mars 1969, p. 7 (Lire en ligne). 

  3. Calibre qui équipera aussi la première montre automatique à voyager dans l’espace (Lire en ligne). 

  4. « Clinergic 21 : une prouesse de l’industrie horlogère suisse », L’Impartial, n°27093,‎ 19 avril 1966, p. 5 (Lire en ligne).